Ce projet photographique s'est construit autour de
mon village natal qui connaît depuis des décennies un taux de suicide élevé.
Une photo d'époque représentant mon équipe de hockey pee-wee, gagnante lors
d'une finale régionale, en est le point de départ. Plusieurs de mes coéquipiers
et amis d'alors sont maintenant disparus après s'être enlevé la vie. Mon
travail puise sa source dans les blessures initiées par les pertes subies et
souvent inexpliquées des personnes chères à notre coeur et de la résonnance
émotive face à l'oubli. Il témoigne aussi de la résilience de la vie sur la
mort et sonde les impacts de la finitude sur le survivant.
Pour tous ceux qui demeurent.
Pour tous ceux qui connaissent la faille qui
existe entre la vie et la mort, si ténue, si fragile.
Ce travail photographique tente de cristalliser
visuellement ce phénomène social singulier d'un petit village qui a connu un
des plus hauts taux de suicide au Québec.
Je me souviens.
